En 2002, le prix nobel James Heckman avait prévenu : si les Etats-Unis n’investissent pas davantage dans la formation intiale de leurs jeunes (20% des salariés seraient illettrés) ce pays connaitra un déclin productif. A l’époque, et malgré la récession de 2001, les Etats-Unis continuaient d’engranger les retombées des investissements qu’ils avaient réalisé dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication au point de laisser loin derrière les européens en termes de gains de productivité. La sombre prévision de Heckman serait-elle en train de se réaliser? C’est ce que donne à penser l’article de David Brockfield et Joaquim Oliveira Martins (1) qui prétendent expliquer la crise économique actuelle par un essouflement significatif du progrès technique aux Etats-Unis. Ils montrent qu’à partir de 2003 l’avance technique dont bénéficiait jusqu’alors leur pays sur le continent européen fond comme neige au soleil, au point de disparaître un an avant la crise financière de 2008. Les auteurs voient dans cette défaillance de l’économie “réelle” le point de départ du décrochage des valeurs boursières et immobilières dont la valorisation excessive avait entretenu artificiellement la consommation et l’investissement des ménages (2). Si ces résultats sont confirmés ils signifient que les difficultés actuelles trouvent leur origine en dehors de la sphère financière et qu’il est illusoire de compter sur le plan de relance pour que l’économie américaine retrouve prochainement le chemin de la croissance. Pire, le maintien du chômage à un niveau élevé serait indispensable pour rétablir le taux de profit des entreprises. Dure loi que celle de l’accumulation du capital qu’avait énoncée en son temps un certain Karl Marx.
(1) “Productivity and the crisis, Revisiting the fundamentals” OCDE , 11/07/2009. (2) L’amélioration de la valeur de ces actifs avait permis aux ménages américains de négocier des crédits hypothécaires dont le montant explose à partir de 2002.
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