vendredi 24 juillet 2009

Splendeurs et misères de l'Etat social français

Notre si décrié modèle social semble retrouver des couleurs en ces temps de récession. Sans lui la crise aurait été plus profonde, reconnaît la revue ,pourtant très libérale, “The Economist“. Même Nicolas Sarkozy a déclaré fièrement : “Lorsque les difficultés interviennent, les filets de sécurité et les stabilisateurs automatiques jouent un rôle crucial, bien plus important que dans d’autres pays, par exemple les pays anglo-saxons”. Or le modèle social français représente bien plus que le “filet de sécurité” auquel il est souvent fait référence. L’éducation gratuite, le logement social ou les hopitaux publics fournissent un revenu supplémentaire au ménage bien plus important que les prestations monétaires. La fourniture de “services publics“ correspondrait à une gain de 5640 euros par adulte, d’après une étude de l’INSEE (25% du revenu des ménages contre 6% pour les prestations sociales). L’INSEE montre que les services publics contribuent à réduire les inégalités de revenu à hauteur de 70% . Si notre modèle social est généreux dans ce qu’il donne il l’est beaucoup moins dans ce qu’il retire. La structure des prélèvements obligatoires ne correspond pas à celle d’un pays très développé mais plutôt à celle d’un pays “du sud“ avec des impôts indirects et proportionnels (principalement sur la consommation) qui l’emportent sur la fiscalité directe et progressive (impôt sur le revenu, sur l’héritage…). En France, un ménage paie chaque année au titre de la TVA 3130 euros, soit trois fois plus que l’impôt sur le revenu. Or la TVA est anti-redistributive : elle pèse plus fortement sur le pouvoir d’achat des plus modestes qui consomment une part relativement importante de leur revenu. L’INSEE montre que la TVA annule l’effet redistributif de l’impôt sur le revenu, ce qui ne correspond guère pas à l’idée reçue selon laquelle l’Etat ponctionnerait outrageusement les plus riches. Alors que les inégalités augmentent, le basculement de la moitié des sommes récoltées au titre de la TVA sur l’impôt sur le revenu pourrait permettre de réduire la concentration des revenus d’un quart. Les Français sont attachés à leur modèle social mais rechignent à en payer le prix. Ce déséquilibre peut se résorber de deux façons: bouclier fiscal et diminution du nombre de fonctionnaires (version anglo-saxonne) ou réhabilitation de l’impôt sur le revenu et de la dépense publique (version pays scandinaves). Un bien beau débat pour 2012.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Qui êtes-vous ?